Des trois rois à la connexion féconde au Soi
Les traditions des origines s’inscrivent dans les cycles vitaux du cosmos, en particulier sur celui de la lune. Le tradition spirituelle celte est une tradition de la nature et de ses architectures invisibles qui régissent, par ses lois, le vivant.
Après avoir traversé la nuit avec l’Esprit de l’hiver, blottis autour de notre pépite intérieure en cours de gestation, celle-ci désormais, pousse l'ombre pour rejoindre la lumière de son plein renouveau.
Pour les celtes, peuple dont la connexion avec la nature était intime, cette période de passage était une opportunité de se syntoniser avec elle, et de ritualiser les énergies de renouveau à l'œuvre.
Comment ? Voici les éléments réunis.
A cette époque-ci de l’année, il semble que chaque village celte tirait au sort trois rois, les trois meilleurs 'voyants', les rois magiciens.
Ces rois éphémères avaient cette lourde charge de trouver la meilleure solution au fléau rencontré par le clan : sécheresse, maladies, guerre, ...
Les rois, reconnus pour leur sagesse et leur don de clairvoyance, avaient également le droit d’ordonner les plus grande folies, tel un exutoire individuel et collectif, un chaos duquel seul peut renaître l’ordonnancement renouvelé. Oui, il s’agit de l’ancêtre de notre carnaval et de son exubérance désacralisée.
Pendant 40 jours alors, par cet imaginaire et les instincts libérés, les projets de résolution étaient façonnés pour trouver la solution au fléau qui sévissait au sein du clan.
A la fin de cette mascarade expiatoire, les rois des « fous » rendaient leur couronne, et débutait une 40 aine de connexion avec leur propre double, autrement dit leur part divine, pour identifier, grâce à cette connexion intime intérieure, et déployer les meilleurs futurs parmi ceux conçus.
Autrement dit, annihiler les mauvais projets et révéler les plus fructueux possibles pour le meilleur de la communauté.
Le mardi suivant cette 40aine, le celtes faisaient gras (ancêtre du mardi gras) pour célébrer et clore cette période endiablée.
Les doubles divins étaient sollicités, connectés, activés, chaque nuit pour trouver la sagesse logée dans l’envers de cette folie furieuse.
Quand les bourgeons surgissaient à nouveau, lors de la pleine lune de mars, les solutions invoquées apparaissaient, puisées, grâce aux rois éphémères, dans le futur collectif du clan.
Cette année, la 40aine ce serait terminée lors de la pleine lune du 25 mars.
Ostera, Initiation de l’équinoxe de printemps
Lors des 3 jours qui précédaient
l’équinoxe, des initiés celtes étaient enfermés dans un tumulus de pierres, l’entre obscure de la terre, pour faire se révéler les peurs les plus archaïques, les traverser, réaliser l’illusion dans laquelle elles maintiennent l’initié, accéder à une part indestructible de notre être, par delà les illusions du mental et de ses charges mémorielles.
Au matin du printemps, à l’aube du jour levant de l’équinoxe, on roulait la pierre du tumulus, placée vers l’Est, libérant les initiés de l’obscurité totale du tumulus, pour retrouver la lumière. Le futur initié voyait le soleil se lever, tel un renouveau intérieur d’après la nuit noire de l’âme traversée.
A l’issue de cette initiation druidique, l’homme ou la femme recevait son bâton de pouvoir.
Le double de lumière
Le double de lumière, maître intérieur, est employé depuis la nuit de l’humanité.
On retrouve cette dimension révélée dans les mythes Inuit, dans la Tradition des Dioscures.
Cette part divine en nous même, autrement désignée comme Ange gardien par la suite dans la tradition catholique, recèle la capacité d’aller visiter le passé pour le purifier, les possibles futurs, pour retenir celui le plus favorable, par un puissant franchissement de l'espace temps.
Les intuitions que je peux avoir le jour ne deviennent autre que l’information libérée par mon double qui s'actualise à ce moment là. Les celtes le savaient. Les celtes pratiquaient la connexion à leur double de lumière.
Aujourd'hui, la connexion d'avec notre double divin s'est perdue dans les replis du matérialisme, du dogmatisme. Elle est pourtant au cœur des Traditions primordiales sous différentes forme, selon le référentiel culturel de chacune.
Notre connexion avec notre double n'en est pas moins d'actualité. Son activation est porteuse de guérison, d'évolution, de libération.
Pour avoir été enseignée la pratique du double grâce à un yoga des rêves permettant son activation, je peux témoigner de combien le processus de 40aine réalisé produit d'effets de guérison, même au cœur du chaos intérieur, quand, tout en soi vacille, souffre, vomit les blessures finalement non guéries. C'est ainsi que la traversée du désert, de 40 jours, devient un terreau fertile à une profonde transmutation, vers le renouveau de soi, inespéré, inattendu.
Julie Cabot Nadal, depuis les sources transmises par Père Antoine
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